Une nouvelle étude tente d’alarmer sur les e-cigarettes
Une étude parue dans l’édition de décembre de la revue Environmental Health Perspectives souligne une nouvelle fois la présence de particules dangereuses dans la e-cigarette. Cependant, posé ainsi, le constat semble davantage proche de la désinformation que d’une révélation importante.
Des substances chimiques dangereuses
Menée par des chercheurs de la faculté de Santé publique de l’université de Harvard, l’étude alerte sur la présence de substances chimiques dangereuses dans certains e-liquides : le diacétyle et l’acétyle propionyle. Le premier cité, aussi utilisé comme additif alimentaire, peut être à l’origine d’une maladie pulmonaire grave. Il a été retrouvé dans plus de 75% des 51 e-liquides testés par les chercheurs. Deux autres substances nocives ont également été détectées. Au total, 92% des échantillons contenaient à minima une des deux substances : diacétyle ou acétyle propionyle.
« Une exagération du risque potentiel »
Plusieurs spécialistes n’ont pas tardé à réagir et ont permis des éclairages essentiels quant à l’interprétation de ces résultats. Le Dr Konstantinos Farsalinos, cardiologue grec et chercheur spécialisé dans l’étude des cigarettes électroniques, a tenu à souligner deux éléments importants que ne mentionne pas le travail des chercheurs d’Harvard : la proportion de ces substances chimiques dans les échantillons et le parallèle avec la cigarette traditionnelle. « Les niveaux présentés sont assez bas, beaucoup plus bas même que ceux trouvés dans notre propre étude. Dans de nombreux cas, les niveaux de ces composés sont absolument minimes et ne devraient pas soulever de préoccupations concernant leurs effets potentiels sur la santé ».Concernant le lien avec la cigarette, «cette omission donne l’impression que les e-cigarettes exposent les utilisateurs à un nouveau risque chimique, alors que, en réalité, leur exposition sera beaucoup plus faible par rapport au tabagisme ».
Jacques Le Houezec, tabacologue, précise que «pour le diacétyle, les taux mesurés dans la fumée de cigarette sont 10 fois supérieurs à ceux retrouvés dans les e-liquides, et pour l’acétyle propionyle , ils sont 100 fois plus élevés. Il paraît donc clair que, pour un fumeur, l’exposition à la vapeur d’e-cigarette pose beaucoup moins de risque que de continuer à fumer du tabac. »
Les deux spécialistes s’accordent à dire que ce genre d’étude s’avère finalement dangereuse car elle tend à décourager les fumeurs d’utiliser le vapotage comme un outil de sevrage tabagique pourtant reconnu comme 95% plus sûre que la cigarette classique. Par ailleurs, adoptée en mai 2015, les normes Afnor ont déjà en partie statué sur cette question puisque le diacétyle est désormais absent des e-liquides fabriqués en France.