Le tabagisme favoriserait le risque de suicide
Existe-t’il un lien entre le suicide et la consommation de tabac ? Des études récentes tendent à démontrer que ce lien existe bel et bien. Une position qui démonte l’idée communément partagée selon laquelle fumer aurait un effet antidépresseur. À l’inverse, le tabagisme serait un facteur aggravant et favorisant les tentatives de suicide.
Un risque avéré
Michel Lejoyeux, psychiatre addictologue à l’hôpital Bichat à Paris précise : «Il n’est pas question de faire du tabac une molécule suicidogène. Mais le tabac, qui est souvent pris comme stimulant chez des personnes dépressives, va aggraver leur état». Une étude du docteur Ivan Berlin, tabacologue à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière publiée ce mois d’avril dans la revue Plos One abonde dans ce sens.
L’étude s’est déroulée sur quatre ans et a observé plus de 30.000 personnes. Seul comptait le critère fumeur/non-fumeur. Les caractéristiques socio-démographiques, l’historique psychiatrique et d’éventuelles tentatives de suicide antérieures n’ont pas été prises en compte. Il en est ressorti que les personnes qui fumaient déclaraient plus de tentatives de suicide au cours de ces quatre années que ceux qui ne fumaient pas. L’étude révèle par ailleurs que les nouveaux fumeurs et ceux qui reprennent la cigarette voient leur risque de tentative de suicide multiplié par quatre par rapport aux non-fumeurs.
Des causes encore à déterminer
En 2014, des chercheurs américains de la Washington University School of Medicine arrivaient à des conclusions semblables. Cette étude réalisée entre 1990 et 2004 a démontré que les États américains qui avaient mis en place une politique de lutte contre le tabagisme avaient vu leur taux de suicide baisser de 15% en comparaison avec la moyenne nationale.
Si ces études, et d’autres avant, tendent à démontrer l’existence d’un lien entre le tabagisme et le risque de tentative de suicide, les causes directes restent un sujet de débat. Pour Richard A. Grucza, de la Washington University School of Medicine, la cause la plus plausible de cette corrélation serait la nicotine. Alors que pour le docteur Ivan Berlin, tabacologue à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, l’hypoxie, c’est-à-dire le manque d’oxygène du cerveau est l’une des hypothèses privilégiée.
Quoi qu’il en soit, et pour ceux que les autres dangers du tabagisme n’avaient pas convaincu, l’augmentation du risque de tentative de suicide pourrait être une source de motivation supplémentaire pour arrêter de fumer.